Sylvothérapie et marche nordique : le combo idéal

Peu connue, la sylvothérapie réserve bien des surprises. On imagine des hippies faire des câlins aux conifères arbres ? ou pratiquer de la danse contact avec les feuillus et on se plante. Loin des a priori, Laurence Monce*, naturopathe et formatrice en sylvothérapie nous explique précisément ce que recouvre cette pratique, en effeuillant ses effets, ses bienfaits, ses contre-indications sans omettre de nous préciser comment les marcheur.se.s nordiques peuvent en profiter !

Qu’est-ce que la sylvothérapie ?

La sylvothérapie est une pratique thérapeutique qui permet de bénéficier des bienfaits de la nature et plus particulièrement de ceux provenant des arbres.

Comment la thérapie par les arbres fonctionne-t-elle ?

L. M. : « On sait aujourd’hui que les arbres émettent beaucoup de substances entre eux, notamment les phytoncides et les terpènes, ce sont des molécules volatiles qu’ils produisent naturellement pour se protéger des bactéries et attirer les insectes pollinisateurs.

Avec l’ensoleillement, le feuillage des arbres se développe en rejetant dans l’air des terpènes et des phytoncides que nous absorbons par la peau via les pores et la voie olfactive, en respirant. Ces messagers chimiques en provenance des arbres vont atteindre directement les récepteurs de notre système nerveux central. »

Quels sont les effets sur notre organisme ?

L. M. : Cela dépend du type de forêt qui nous entoure. Si nous marchons dans des forêts de conifères, nous serons stimulés, les pins, les sapins donnent de l’énergie. Une balade dans une forêt de feuillus favorisera plutôt un apaisement, une relaxation de notre organisme.

Dans tous les cas, il y a beaucoup d’échanges électromagnétiques entre notre corps et les arbres. En faisant de la marche nordique, les pratiquant.es vont profiter pleinement des bienfaits de la forêt car ils respirent et ventilent plus, c’est encore mieux !

 

Simplement en marchant à travers la forêt ?

L. M. : Oui, il faut imaginer qu’avec le soleil, les arbres deviennent un peu comme des aérosols de terpènes et de phytoncides, bien loin des ions positifs et des odeurs de carburant des villes ! Les substances, tout le monde les connaît, ce sont des huiles essentielles naturelles, ni plus ni moins. Bien entendu, nous les retrouvons également dans les bois, pas besoin d’aller dans une immense forêt !

Quels sont leurs bienfaits sur notre organisme ?

L. M. : Ils sont nombreux. La pression artérielle baisse, tout comme le taux de glycémie, ce qui est particulièrement bénéfique pour les personnes atteintes de diabète. Le système immunitaire est renforcé et le stress diminue également.

On s’est d’ailleurs aperçu qu’avec des séances renouvelées durant plusieurs jours, les personnes atteintes d’un burn-out ou de dépressionont considérablement amélioré leur état. En forêt, l’esprit se sent apaisé, l’attention s’améliore et le sentiment de bien-être en découle.

 

Y a-t-il des exercices à faire pour bénéficier de tout cela ?!

L. M. : Lors d’une sortie de marche nordique, on peut très bien s’arrêter un moment pour faire des exercices où on va faire appel à nos cinq sens. Nous allons toucher les écorces, les mousses, marcher pieds nus, écouter les sons, sentir les odeurs, regarder de près les arbres, les bourgeons, les feuilles. L’idée est de zoomer sur des choses très précises de la forêt, en regardant attentivement une pomme de pin par exemple, le cerveau se calme, le système nerveux autonome s’apaise.

Au-delà, des cinq sens, il existe une grande variété d’activités créatives ou ludiques à pratiquer, seul ou avec un praticien, pour renforcer notre organisme et ralentir le mental.

 

D’où l’effet anti-stress ?

L. M. : Oui, lorsque l’on est très stressé.e, le système orthosympathiqueest en ébullition, on produit de l’adrénaline, du cortisol, l’acidité au niveau des articulations augmente, tout ça est mauvais pour le corps. Dans la forêt, en touchant une écorce et en respirant les terpènes qui la composent, les nerfs du corps vont apporter des messages au cerveau jusqu’à l’hypothalamus, le centre de contrôle de nombreuses hormones. Ça déclenche une production de dopamine et d’endorphine. Donc plutôt qu’être soumis.e au cortisol et à l’adrénaline en provenance des surrénales, le cerveau va prendre le relais et produire des hormones du bonheur.

Y a-t-il des contre-indications à la sylvothérapie ?

L. M. : Oui quelques-unes. Les personnes allergiques au pollen doivent éviter d’aller en forêt au printemps. Il faut faire attention à la mousse frullania et certains lichens, notamment les lichens jaunes qui se trouvent sur les arbres et les rochers, en les touchant, ils peuvent être allergisants.

Des précautions sont à prendre également avec les frelons et les tiques, ces derniers peuvent transmettre la maladie de Lyme. Pour bien se protéger, pantalons, chaussures et manches longues sont vivement recommandés. Et si vous voulez marcher pieds nus, attention aux échardes et n’oubliez pas de mettre des produits spécifiques pour les tiques.

Est-ce que vous faites vraiment des câlins aux arbres ?!

L. M. : Pas du tout ! On lit souvent ça dans les médias mais c’est faux, on ne fait pas de câlins aux arbres ! Nous sommes simplement en contact avec eux, juste en les touchant, pour profiter d’échanges électromagnétiques, sachant que chaque arbre a des spécificités bien précises.

En revanche, il nous arrive de marcher pieds nus pour bénéficier de la mycobacterium vaccae, une bactérie découverte récemment, présente dans la terre. Elle va activer le cerveau et produire de la sérotonine, une hormone impliquée dans la régulation des humeurs, de la libido, des comportements sociaux et du sommeil. Cela va aussi produire de la dopamine, un neurotransmetteur qui va engendrer un sentiment de bonheur et de satisfaction !

*Laurence Monce est l’auteure de « Découvrir la  sylvothérapie » (éd. Interéditions) et de « Ces arbres qui nous font du bien » (éd. Dunod).

 

Cumuler les bienfaits en pratiquant la marche nordique en forêt, ça vous connaît ! N’hésitez pas à nous partager vos expériences de marche de derrière les fagots, nous sommes preneurs !

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